Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

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Le lundi matin, le contraste était fort entre la passion enthousiaste des éditoriaux et le dépit au commissariat. Le Voleur d'Ombres avait lancé dix défis aux autorités, et il les avait tous relevés avec succès. L'humiliation était suprême. Aussi bien dans ce que laissaient entendre les articles enflammés dans la presse que dans l'esprit de ses lecteurs et du grand public en général, la star du crime resterait à jamais impunie. Sauf, bien sûr, si l'envie lui prenait de s'attaquer à une autre collection. Il y avait une pointe de déception dans leurs commentaires, car le parachèvement de ce mois de frénésie médiatique aurait été la photo du bandit démasqué à la une dans les kiosques. Cette histoire se terminait sur une note amère, hormis pour celui qui s'était joué de tous.


Vous assistiez à cet ultime débriefing. Le commissaire Cardoze fit un rappel des faits mécanique, sans plus aucune émotion dans le ton de la voix. Le Pégase Noir était enfermé dans un coffre-fort gardé par dix hommes. Non loin de là, dans la grande salle de réception de la banque Halroyd, le happening battait son plein. Le seul moyen d'accéder aux couloirs de la banque, c'était d'être l'un des invités, ou bien de passer par une lucarne dans le bureau de Mr Debonvouloir, le directeur. Lucarne normalement close et protégée par une alarme, mais qui avait été retrouvée béante. Le voleur avait réussi à la forcer sans déclencher le système de détection d'ouverture. Il s'était ensuite glissé jusqu'à la salle des coffres. Il avait endormi l'escouade de vigiles grâce à des capsules de gaz soporifique. Puis il avait ouvert et refermé la porte blindée du coffre on ne savait comment, comme par magie. Les caméras de surveillance avaient été débranchées et n'avaient pas filmé la scène.

Quand Debonvouloir et Mr Donovan, le directeur national des intérêts Halroyd, avaient déverrouillé le coffre, ils avaient trouvé vide le tiroir qui renfermait le tableau. Une carte de visite du cambrioleur y avait été déposée, pour prouver son passage. Il y annonçait la fin de son petit jeu.


La lucarne donnait sur les toits de l'immeuble. Un vélux menait à l'appartement voisin, propriété lui aussi du groupe Halroyd. Il était censé être inoccupé, mais sa porte avait été ouverte elle aussi. Sans traces visibles d'effraction, toutefois. Un fil de funambule avait été également tendu jusqu'au toit du building d'en face. Cela faisait deux accès.

- La canaille ne s'est pas dédoublée pour fuir, en déduisit Cardoze. Comme dans la montée d'en face on a retrouvé un balancier télescopique laissé par terre, c'est qu'il est parti par là. Il est donc passé par l'appart' d'à côté pour entrer.

- Quel acrobate de génie pour garder l'équilibre aussi haut tout en restant inaperçu des badauds massés en bas, fîtes-vous remarquer.

- Et des projecteurs de nos hélicos ! Le fil s'étendait dans un angle dans l'ombre, mais il fallait un sacré sang-froid, c'est sûr !


Aucun échantillon d'ADN n'avait été relevé dans le coquet meublé, si ce n'étaient ceux de Donovan, qui s'y était rendu dans la journée vérifier que tout était fermé avant de lancer la réception. Seuls signes d'une autre présence : des traces de talons dans la moquette.


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