Les trois surs tenaient le bar, au milieu d'une clientèle qui brillait par son absence. Elles s'étaient levées libres ce matin ; vous ne les aviez toujours pas dénoncées.
- Pouvons-nous en déduire que vous n'en ferez rien non plus ce soir ? s'enquit Samantha en vous servant un capuccino.
-
Ce soir ?
- Oui, toutes les victimes du Voleur d'Ombres ont été conviées par le directeur de la police nationale, le grand grand chef. Dans le but de nous informer de la progression de l'enquête, j'imagine.
- Et Philippe devra rendre ses conclusions, enchaîna Lydia, peu tranquille. S'il ne donne pas satisfaction, l'enquête sera confiée aux services du Ministère de l'Intérieur. (elle marqua une pause, anxieuse :) Nous vous avons tout dit. Vous nous croyez, hein ? Vous n'allez rien lui dire ?
- Nous verrons. Il faudrait déjà que je sache qui d'autre que vous pourrait être notre voleur. À votre avis ?
- Un membre de la maisonnée Halade, ou quelqu'un qui avait un complice à l'intérieur, estima Samantha. Je veux dire par là : quelqu'un qui connaissait le passage et qui savait qu'il serait ouvert la nuit du vol.
- Quelqu'un qui vole vraiment les ombres, ajouta Lydia. Philippe m'a raconté que ce n'était pas une légende urbaine.
- Vous avez compris comment il procède ? les titillâtes-vous.
- Bien sûr que non ! se récria Sonia. Même Tim reste perplexe !
- C'est pourtant un truc de magicien, ça, non ?
- Pourquoi pas ce Ducult, alors ? dit Lydia. Il n'a pas été apprenti prestidigitateur, autrefois ?
- Étrange qu'il ait aussi mal assuré ses arrières, objectâtes-vous.
- Étrange aussi qu'on ait retrouvé des vêtements de femme chez lui
!
- Et comment savez-vous tout ça ?
Elle se mordit la lèvre.
- Philippe me l'a dit aussi
- Il vous a dit que le voleur savait toujours en avance les plans de la police ? Ce qui vous place en mauvaise posture, vu comme vous pouviez aisément tirer les vers du nez de votre fiancé.
Lydia se tut, déconfite. Un silence chargé de malaise s'installa, que seule Samantha eut le courage de briser :
- On aurait placé ces vêtements chez ce Ducult, pour le faire inculper, selon vous ?
- C'est ce qu'il affirme, en tous cas. Ce qui aurait été facile pour des voleuses de bijoux, non ?
Cela faisait un quart d'heure que vous étiez parti, et les surs Notarangeli n'en revenaient toujours pas que vous ne les ayez pas fait arrêter. Lydia et Sonia se tournèrent vers leur aînée :
- Tu as entendu toutes les allusions qu'il a faites contre nous ? fit la première. Il pense que c'est nous les voleuses, c'est obligé !
- Pourquoi attend-il pour nous donner ? enchérit la benjamine. Il lui manque quoi, comme preuve ?
- Il attend ce soir, sans doute, répondit Samantha. Quand il s'agira de résoudre le vol de dimanche, vraisemblablement. Je me demande comment il va amener ça
Rendez-vous au 77.