Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

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Vous rejoignîtes Châtaing, en pleine discussion avec Angélique Halade, au salon. Dans son tailleur de femme d'affaires, elle alliait la classe d'une Charlotte Rampling à la fraîcheur de Scarlett Johansson à ses débuts. Impressionnante, maîtresse d'elle-même, elle dominait le pauvre inspecteur et menait la conversation.

Votre arrivée bouleversa ses plans. Vous scrutant du regard, elle comprit vite que vous, elle ne pourrait pas vous duper.

- Oui, je savais qu'il existait un passage secret à cet endroit, admit-elle en réponse à la question de Châtaing. Quand nous avions acheté cette maison, le vendeur m'avait dit qu'une ancienne porte secrète était située là. Mais il avait précisé qu'elle était condamnée. Jamais je n'aurais pensé que le voleur pouvait passer par là.

- Vous aviez dit ne pas connaître l'existence de ce passage ! protesta le policier.

- Rectification : mon mari vous a dit que je l'ignorais.

- Et lui, était-il au courant ?

- Je ne me rappelle pas lui en avoir déjà parlé. Si le vendeur lui avait dit, peut-être.

- Votre mari pense que c'est Ducult qui lui a volé son tableau, intervîntes-vous. Il s'est montré très en colère contre lui. C'était impressionnant.

- Horace est persuadé que c'est lui le coupable alors que vous, vous n'avez que des soupçons. Et mon époux tient beaucoup à ses affaires. Le vrai voleur a intérêt à lui rendre son bibelot…

- Vous ne partagez pas son avis ?

- David, coupable ? Bien sûr que non ! Ce jardinier ne peut pas être un voleur de grand standing, ça ne tient pas debout !

- Comment pouvez-vous en être si sûre ?

- Je… je sais tout de même juger les gens.

- Comment trouviez-vous Ducult ? poursuivit Châtaing.

- Quelqu'un de très bien, très agréable.

- Vous ne l'aviez plus revu depuis qu'il avait été congédié ?

- Si, nous nous étions croisés en ville. Toujours aussi poli, il était venu me parler.

- Vous avait-il dit quel emploi il occupait désormais ?

- Il… il s'était montré très évasif… (après une seconde de réflexion :) Je pense qu'il était resté au chômage et qu'il n'osait pas me le dire.

- Vous connaissiez le passage secret, disiez-vous ? reprîtes-vous.

- Oui, mais…

- Vous n'aviez plus revu Ducult depuis cette dernière fois en ville, et il se trouvait juste à l'autre bout du passage, quelle coïncidence ! ironisâtes-vous. Vous ne pensez pas qu'il avait pu découvrir ce passage en jardinant ?

- Sûrement pas ! s'emporta-t-elle.

- Étrange que vous ne vouliez pas admettre cette hypothèse tout à fait plausible. Mais peut-être saviez-vous déjà que la porte secrète ne s'ouvrait que de l'intérieur ?

Châtaing resta bouche bée. Votre hôtesse, décontenancée, ne sut plus quoi dire, elle bafouilla qu'elle ignorait ce détail.

- Vous n'essaieriez pas de protéger quelqu'un ?

Elle ne répondit pas à cette dernière question et vous signifia que l'entretien était terminé. Vous vous levâtes avec le sourire :

- Très bien. Inspecteur, bravo à vous, vous avez arrêté le coupable. C'est Ducult. Allons-y !

- Non ! fit Mme Halade, au bord de l'évanouissement.

Comme vous la regardiez avec étonnement, elle se rendit compte du cri qu'elle venait de pousser. De plus en plus énervée, elle affirma que vous faisiez fausse route.

- Toutes les preuves le désignent, il n'y a plus de doutes, dîtes-vous sur un ton détaché.

- Attendez. David était ici, à la propriété, pour une autre raison.

- Laquelle ?

- C'est moi qui lui ai demandé de venir.

- Pour quelle raison ?

- Pour empêcher le voleur de fuir par cette issue.

- Vous saviez donc que ce passage secret était utilisable, alors ?

La grande dame s'assit et se prit la tête dans les mains. Vous prîtes alors un ton plus doux :

- Ducult et vous, vous étiez amants, c'est ça ?

Elle opina. Elle expliqua que le couloir secret leur permettait de se voir sans que Ducult n'eût à passer devant le majordome ou les caméras de la cour. La porte cachée ne s'ouvrait en fait que de l'intérieur, en raison du mécanisme usé. Elle était restée déverrouillée après la dernière visite de Ducult et, quand il y eut l'annonce du vol via la carte de visite, la police et le personnel de maison étaient toujours restés dans la bibliothèque et son boudoir attenant, aussi avait-il été impossible pour elle d'en approcher pour la refermer.

- Si j'avais tenté de la refermer, on aurait vu qu'elle existait et que je le savais, soupira-t-elle. Horace aurait vite compris l'utilité que j'en avais… Alors j'ai appelé David pour qu'il vienne le soir du vol veiller que le voleur ne passe pas par là. Au cas où, car seuls David et moi étions au courant.

- Sauf si un jour, quelqu'un vous a vus emprunter ce passage.

- Certes… Qui, par exemple ?

- Le Voleur d'Ombres connaissait l'existence de cette porte secrète et savait qu'elle était restée ouverte, c'est admis maintenant. Si Ducult n'est pas le voleur, c'est que ce dernier a dû vous voir emprunter le passage alors qu'il était en train de faire ses repérages en vue du vol. Soit il vous a vus de l'extérieur, vers les ruines… ou alors de l'intérieur.

- Aucun membre de cette maisonnée ne peut être votre voleur !

- Vous êtes bien sûre de vous, encore une fois.

- Ni mon mari, ni le vieil Octave, ni Dépreaux qui est infirme n'ont les capacités physiques pour vous échapper.

- Une personne ici a pu voir votre manège avec Ducult et le rapporter au voleur. Peut-être même sans le savoir, d'ailleurs.

- La seule personne au courant de notre liaison était Faiza ma femme de chambre. Ma complice. Et j'ai toute confiance en sa discrétion.

- C'était donc pour ça que vous ne vouliez pas d'enquêteur dans la bibliothèque ou votre boudoir… de peur que l'on ne découvrît votre stratagème.

- Oui… C'était très bête, finalement, car vous savez tout maintenant.

Elle demeura silencieuse un instant puis leva des yeux humides vers vous deux :

- Vous allez le dire à mon mari, je suppose ?

- Si ce n'est pas indispensable pour l'enquête, il n'y a pas de raison.

Vous vous tournâtes vers Châtaing qui acquiesça.

- Mais votre mari a piqué une grosse colère ce matin… Peut-être est-il déjà au courant…?

- Je pense que c'était vraiment parce qu'il veut retrouver son tableau.


En partant de la propriété, Châtaing trouva que les preuves s'accumulaient contre Ducult. Vous le modérâtes :

- Jusqu'à présent, on ne savait pas pourquoi il s'était trouvé là, sinon pour commettre le vol. Maintenant, nous lui savons un autre motif. Et puis, ça fait assez amateur de s'enfuir par des rues pleines de caméras de surveillance. Pas très malin, ce Voleur d'Ombres, d'avoir aussi mal repéré les lieux…!

- Tout le monde fait des erreurs…, se défendit l'inspecteur du bout des lèvres.

Vous vous séparâtes, non sans évoquer l'éventualité d'aller voir Ducult ensemble le lendemain matin.


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