Nils Jacket Contre l'Agent X, le site officiel des Enquêtes de Nils Jacket

Paragraphe 48

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Elle vous scruta du regard un instant, comprenant que, contrairement à Châtaing, elle ne pourrait pas vous duper.

- Oui, je savais qu'il existait un passage secret à cet endroit, finit-elle par dire avec amertume. Quand nous avions acheté cette maison, le vendeur m'avait dit qu'une ancienne porte secrète était située là. Mais il avait précisé qu'elle était condamnée. Jamais je n'aurais pensé que le voleur pouvait passer par là.

- Vous aviez dit ne pas connaître l'existence de cette porte ! protesta Châtaing.

- Rectification : mon mari vous a dit que je l'ignorais.

- Et lui, était-il au courant ?

- Je ne me rappelle pas lui en avoir déjà parlé. Si le vendeur lui avait dit, peut-être.

- Vous n'aviez plus revu Ducult depuis cette dernière fois en ville, et il se trouvait juste à l'autre bout du passage, quelle coïncidence ! ironisâtes-vous. Vous ne pensez pas qu'il avait pu découvrir ce passage en jardinant ?

- Sûrement pas ! s'emporta-t-elle.

- Étrange que vous ne vouliez pas admettre cette hypothèse tout à fait plausible. Vous n'essaieriez pas de protéger quelqu'un ?

Elle ne répondit pas à cette dernière question et vous signifia que l'entretien était terminé. Vous vous levâtes avec le sourire :

- Très bien. Inspecteur, bravo à vous, vous avez arrêté le coupable. C'est Ducult. Allons-y !

- Non ! fit Mme Halade, au bord de l'évanouissement.

De plus en plus énervée, elle affirma que vous faisiez fausse route.

- Toutes les preuves le désignent, il n'y a plus de doutes, dîtes-vous sur un ton détaché.

- Attendez. David était ici, à la propriété, pour une autre raison.

- Laquelle ?

- C'est moi qui lui ai demandé de venir.

- Pourquoi ça ?

- Pour empêcher le voleur de fuir par cette issue.

- Vous connaissiez donc ce passage ?

La grande dame s'assit et se prit la tête dans les mains. Vous prîtes alors un ton plus doux :

- Ducult et vous, vous étiez amants, c'est cela ?

Elle opina. Elle expliqua que le couloir secret leur permettait de se voir sans que Ducult n'eût à passer devant le majordome ou les caméras de la cour. La porte cachée ne s'ouvrait en fait que de l'intérieur, en raison du mécanisme usé. Elle était restée déverrouillée après la dernière visite de Ducult et, quand il y eut l'annonce du vol via la carte de visite, la police et le personnel de maison étaient toujours restés dans la bibliothèque et son boudoir attenant, aussi avait-il été impossible pour elle d'en approcher pour la refermer.

- Si j'avais tenté de la refermer, on aurait vu qu'elle existait et que je le savais, soupira-t-elle. Horace aurait vite compris l'utilité que j'en avais… Alors j'ai appelé David pour qu'il vienne le soir du vol veiller que le voleur ne passe pas par là. Au cas où, car seuls David et moi étions au courant.

- Sauf si un jour, quelqu'un vous a vus emprunter ce passage.

- Certes… Qui, par exemple ?

- Le Voleur d'Ombres connaissait l'existence de cette porte secrète et savait qu'elle était restée ouverte, c'est admis maintenant. Si Ducult n'est pas le voleur, c'est que ce dernier a dû vous voir emprunter le passage alors qu'il était en train de faire ses repérages en vue du vol. Soit il vous a vus de l'extérieur, vers les ruines… ou alors de l'intérieur.

- Aucun membre de cette maisonnée ne peut être votre voleur !

- Vous êtes bien sûre de vous.

- Ni mon mari, ni le vieil Octave, ni Dépreaux qui est infirme n'ont les capacités physiques pour vous échapper.

- Une personne ici a pu voir votre manège avec Ducult et le rapporter au voleur. Peut-être même sans le savoir, d'ailleurs.

- La seule personne au courant de notre liaison était Faiza ma femme de chambre. Ma complice. Et j'ai toute confiance en sa discrétion.

- C'était donc pour ça que vous ne vouliez pas d'enquêteur dans la bibliothèque ou votre boudoir… de peur que l'on ne découvrît votre stratagème.

- Oui… C'était très bête, finalement, car vous savez tout maintenant.

Elle demeura silencieuse un instant puis leva des yeux humides vers vous deux :

- Vous allez le dire à mon mari, je suppose ?

- Si ce n'est pas indispensable pour l'enquête, il n'y a pas de raison.

Vous vous tournâtes vers Châtaing qui acquiesça.

- Mais votre mari a piqué une grosse colère ce matin… Peut-être est-il déjà au courant…?

- Je pense que c'était vraiment parce qu'il veut retrouver son tableau.


En partant de la propriété, Châtaing trouva que les preuves s'accumulaient contre Ducult. Vous le modérâtes :

- Jusqu'à présent, on ne savait pas pourquoi il s'était trouvé là, sinon pour commettre le vol. Maintenant, nous lui savons un autre motif. Et puis, ça fait assez amateur de s'enfuir par des rues pleines de caméras de surveillance. Pas très malin, ce Voleur d'Ombres, d'avoir aussi mal repéré les lieux…!

- Tout le monde fait des erreurs…, se défendit l'inspecteur du bout des lèvres.

Vous vous séparâtes, non sans évoquer l'éventualité d'aller voir Ducult ensemble le lendemain matin.


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