Avec sa barbe de trois jours et son vieux bonnet élimé, Totoph Kovaciu se donnait un air négligé qui servait ses intérêts : passer pour quelqu'un d'insignifiant. C'était de cette façon qu'il parvenait toujours à se tenir au courant de tout : les hommes de la pègre ne faisaient pas attention à lui et parlaient trop en sa présence. DE tous vos indics, c'était lui le mieux renseigné sur les cambriolages. Pour ne pas l'avoir dénoncé au cours d'une affaire mineure, vous aviez obtenu en échange sa coopération : il vous répétait les ragots du crime lorsque vous le sollicitiez. Contre un petit billet, bien entendu.
Comme tous les petits malfrats de la ville, il traînait souvent au Beuve & Purge, un bar obscur et peu engageant en banlieue, où il était aisé de dégoter des "petits boulots". Lorsqu'il entra, le patron lui lança un "Salut le Bosniaque !" sonore et habituel, puis le prit à part à voix basse :
- Un gars est arrivé ici tout à l'heure. Il a dit qu'il voulait te voir. Je lui ai dit que je te connaissais pas.
- T'as bien fait. Il était comment, ce type ?
- Blond. Imper et feutre.
Totoph jeta un il circulaire aux différentes tablées puis alla s'asseoir seul, un verre à la main. Le dossier de sa banquette était dos au vôtre. Il ouvrit un journal tout en s'adressant à vous :
- Je savais que c'était vous, Jacket, vous dit-il sans se retourner, en feignant d'être plongé dans sa lecture. Que voulez-vous ?
- Coincer le Voleur d'Ombres des journaux. J'ai besoin de toi.
- En quoi pourrais-je vous aider ? Je ne connais pas son identité.
- Il n'aurait pas de lien avec la pègre ?
- Non, c'est un indépendant.
- Il faut que tu me dises si des receleurs ou des acheteurs sont sur le coup suite aux vols.
- Je suis pas expert en art, vous savez.
- T'es expert dans tout ce qui se vend sous le manteau.
- Aucun receleur que je connais ne prendra le risque d'avoir chez lui un tableau dont tous les journaux parlent. Votre voleur doit les garder chez lui, ou il les a déjà vendus. Je me renseignerai sur les acheteurs potentiels, mais ça m'étonnerait que ça donne quelque chose, désolé.
Si vous êtes le 29 avril ou un jour ultérieur, rendez-vous au 368 sans attendre.
Si vous êtes un autre jour et avez le mot-code TROVOF, rendez-vous au 459.
À défaut, si vous avez le mot PEIPHO souligné, rendez-vous au 730.
À défaut, si vous avez le mot SOSABA, rendez-vous au 294.
Dans les autres cas, il ne vous reste plus qu'à partir, au 77.