Lundi matin, 15 avril. Une belle journée ensoleillée. Avant de gagner le ministère, vous fîtes un saut au cabinet pour saluer Amy. Comme vous étiez trop occupé ces derniers temps, elle prenait des rendez-vous pour dans un mois avec des clients. Vous espériez bien coincer le Voleur d'Ombres avant, sinon vous alliez commencer à perdre de l'argent. Vous aviez décelé chez votre secrétaire des talents de détective amateur lorsqu'elle vous avait aidé sur certaines affaires. Afin qu'elle les développât, vous la chargiez désormais des cas simples qui vous étaient soumis : adultères, fugues, filatures
C'étaient des sources de revenus régulières, qui vous permettaient de garder pour vous les affaires les plus compliquées et les plus dangereuses
et les plus intéressantes.
Vous contrôliez régulièrement le travail d'Amy pour vérifier que tout était correctement exécuté. Quand vous passâtes la voir, elle vous prévint qu'une dame vous attendait dans votre bureau. Vous lui aviez pourtant bien dit que vous ne vouliez recevoir personne, mais d'après Amy, cela semblait important et lié à votre affaire en cours.
Vous saluâtes votre visiteuse, une femme de quarante ans environ -du moins les faisait-elle- et tirée à quatre épingles : tailleur strict, lunettes austères, cheveux tirés en arrière et retenus par des barrettes. D'une voix rauque de fumeuse, elle se présenta sous le nom d'Odile Andylon, enquêtrice pour le compte des assurances Haya SA.
- En quoi êtes-vous concernée par l'affaire du Voleur d'Ombres ?
- Trois des tableaux volés étaient assurés chez nous.
- Lesquels ?
- Ceux appartenant aux surs Notarangeli, à Timothée Thanos et à Horace Halade votre client. Par ailleurs, le collectionneur Tyron Pumar en possède un aussi, assuré par ma compagnie, et nous aimerions autant que faire se peut qu'il le conserve. Comme la police ne prendra pas le temps de me répondre, je me disais qu'entre collègues, nous pouvions nous entraider.
- Que voulez-vous de moi ?
- Je voulais votre avis sur un point : a-t-on vraiment affaire à un seul voleur dans cette histoire ?
- Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il y aurait plusieurs voleurs ? répondîtes-vous sans rien laisser paraître.
Andylon avait enquêté suite au premier vol commis chez les surs Notarangeli. Sa première hypothèse était une escroquerie à l'assurance, toutes les apparences désignaient les surs. Elles étaient très endettées. C'était le premier vol du Voleur d'Ombres donc la police et la presse ne s'y intéressaient pas encore. Il était malaisé de dérober leur tableau là où il était situé sans se faire voir par au moins un visiteur ; seules elles pouvaient tranquillement l'escamoter en fin de journée.
- En me renseignant sur elles, poursuivit votre visiteuse, j'ai découvert que leurs noms revenaient dans des affaires de vols de bijoux ; jamais comme suspectes, mais comme personnes connues des victimes ou comme personnes présentes sur les lieux peu de temps avant les larcins.
- Qu'est-ce que cela vous apprend ?
- Les sauterelles n'en sont peut-être pas à leur premier forfait.
- Et pourquoi elles se seraient mises à envoyer des cartes de visite au nom du Voleur d'Ombres, tout d'un coup ?
- Elles ont inventé ce personnage pour détourner l'attention d'elles. Sans les vols suivants, j'aurais conclu à que le vol chez elles était de leur fait.
Elle vous laissa son numéro de téléphone et le nom de l'hôtel où elle était descendue. Quand elle fut partie, Amy, qui n'avait pas manqué d'écouter votre conversation à la porte, ne cacha pas son scepticisme envers Mme Andylon.
- Je la sens pas, cette bonne femme
Une fouine désagréable.
Vous filâtes en vitesse vous occuper des affaires du ministère. Le soir, vous rentrâtes fourbu.
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