Pas très fréquenté à cette heure-là, le café-galerie L'Œil de Chat faisait très cosy, avec ses tapisseries imitation velours et ses chaises dans lesquelles le client pouvait s'enfoncer comme dans un fauteuil. Les filles Notarangeli habitaient toutes les trois ensemble dans l'appartement à l'étage au-dessus. En entrant, on accédait directement au bar ; tableaux et sculptures étaient exposés dans des galeries sur les ailes.

Derrière le comptoir servait une belle jeune femme aux longs cheveux bruns. Lydia Notarangeli, la fiancée de Châtaing, vous le devinâtes avant même de vous présenter à elle. Au-delà de son discret charme naturel, vous remarquâtes immédiatement ses yeux alertes, qui vous dévisageaient sans en donner l'impression. Étiez-vous source d'inquiétude pour elle ? Elle vous salua d'une voix aiguë mélodieuse, mais ne réprima un ton désapprobateur :

- Philippe m'a parlé de vous, Mr Jacket. Je pensais que vous viendriez manger ensemble…

Cette antipathie s'étiola au fil de la conversation. Lydia était la tenancière de l'établissement, c'était son métier. Châtaing y buvait son café chaque matin. Samantha, sa sœur aînée, travaillait pour des galeries d'art. Elle achetait et revendait des œuvres. Sonia, sa cadette, suivait des études en informatique. Elle aidait Lydia au bar quand elle avait du temps libre. Et elle participait aussi à la partie "expo" de l'endroit : votre interlocutrice vous désigna quelques toiles peintes par sa sœur exposées ici. Aucune ne valait bien cher : le but du café était de faire découvrir de jeunes talents. Et Sonia n'en manquait pas, il fallait l'avouer. Les trois sœurs avaient gardé la fibre artistique de leur père, on aurait dit. Et comme si cela ne suffisait pas, la jeune artiste était également assistante du célèbre prestidigitateur Timothée Thanos.

- Une autre victime du Voleur d'Ombres, précisa-t-elle.

Ce job ne prenait guère de temps à Sonia et lui rapportait de quoi payer ses études.


Vous sentiez votre hôtesse tendue. Mieux valait tâcher de la tranquilliser avant d'espérer pouvoir lui en faire dire davantage.

- Votre café est très sympa, fîtes-vous remarquer après avoir commandé un expresso. Il doit bien marcher, non ?

- Plutôt, se mit-elle à sourire enfin. Mais les gens viennent surtout en semaine le midi, pour manger. Le côté galerie les attire moins.

- Vous le tenez seule ?

- Quand mes sœurs sont prises ailleurs, oui. Ce qui est assez souvent le cas, d'ailleurs.

- Vous n'avez pas peur qu'un type éméché s'en prenne à vous ?

- Le quartier ne craint pas trop… Et puis… Philippe est rarement loin, je me sens protégée.

Vous vous demandiez combien de temps l'inspecteur passait ici…


Vous voulûtes revenir sur le vol dont elles avaient été victimes, le premier forfait du Voleur d'Ombres. Elle vous expliqua comment tout s'était déroulé. Elles avaient reçu la carte de visite du voleur dans leur boîte aux lettres, sans cachet. Elles avaient cru à une plaisanterie d'un des camarades de fac de Sonia. Le jour dit, elles avaient ouvert le café comme d'habitude. Tout s'était passé sans problème jusqu'en fin de soirée, quand elles s'étaient aperçues que la Larme de Néfertiti, leur tableau, avait disparu.

- Le vol a été commis en fin de journée alors ?

- Oui, confirma-t-elle.

Le poing serré, elle ajouta avec presque un ton de défi :

- Philippe retrouvera notre peinture, j'en suis sûre !


Inscrivez le mot-code "LYNOCO" dans votre Journal d'Enquête.

Si vous y avez le mot AMDENF, rendez-vous au 686.

À défaut, si vous avez le mot GALANG, rendez-vous au 1173.

Sinon, quelle question allez-vous lui poser ?

"Où vos sœurs et vous étiez-vous lors des autres vols du Voleur d'Ombres ?" (rendez-vous au 474)

"Qui, selon vous, a intérêt à voler les toiles de votre père ?" (rendez-vous au 748)

"Ce Thanos, vous le connaissez bien ?" (rendez-vous au 415)

"Quel est le sens de l'œuvre de votre père, de sa peinture ?" (rendez-vous au 206)