Tyron Pumar était un ancien capitaine d'industrie, retiré des affaires et devenu rentier. L'homme d'affaires était connu pour être redoutable et colérique, aussi bien avec ses partenaires économiques qu'avec ses épouses, deux d'entre elles ayant déjà demandé le divorce et fui avec les enfants.
Il habitait une grande villa moderne sur plusieurs étages, dans laquelle sa nouvelle femme donnait de somptueuses réceptions. Le domaine autour s'étendait sur plusieurs hectares, dont une partie boisée. Le portail d'entrée de l'enceinte était ouvert mais, à peine eûtes-vous fait quelques pas à l'intérieur, dans l'allée de gravier, qu'une horde de chiens, des grands dogues allemands, se rua sur vous pour vous réduire en charpie ! Vu la taille des molosses, il ne vous restait pas plus de dix secondes à vivre.
- Au pied les cabots ! Le dévorez pas tout de suite !
La voix de stentor qui venait de vous sauver la vie était celle d'un grand homme fruste, de près de cinquante ans, aux sourcils très noirs et broussailleux, habillé comme un garde-chasse, avec béret et fusil.
- T'es qui, toi ? vous lança-t-il. Encore un curieux ou un journaliste qui veut me parler du Voleur d'Ombres ? À moins que tu ne sois le voleur lui-même en repérage ? T'auras pas mon tableau, canaille !
Vous aviez affaire à Pumar en personne.
Vous lui expliquâtes travailler avec la police, mais cela ne le rendit que plus soupçonneux. Il sortit un smartphone dernier cri et appela le commissaire qui confirma vos dires. Apprendre que vous aviez été près d'arrêter le voleur l'amadoua quelque peu et vous pûtes faire quelques pas de plus à l'intérieur. Il était déjà en garde contre le vol possible de son Notarangeli ; faisant de grands moulinets dangereux avec son arme, il se vantait d'attendre le malfrat de pied ferme. Il n'était pas question pour lui de laisser quiconque lui prendre ce qu'il avait gagné à la sueur du front. Quand vous lui demandâtes qui, selon lui, pouvait être le Voleur d'Ombres et quelles étaient ses motivations, sa réponse fut cinglante :
- Cette racaille est à coup sûr l'un de ces métèques adulés par les crétins à la télé !
Et il se lança alors dans une longue diatribe contre les immigrés. L'homme cumulait toutes les qualités
Il ne vous laissa pas explorer sa propriété et vous éconduisit proprement. Vous prîtes tout de même le temps de faire le tour de son domaine. Un haut mur d'enceinte surmonté de barbelés disgracieux et de caméras courait tout le long. Difficile de le franchir sans se faire repérer et sans y laisser des plumes. Il existait deux portails : l'un à l'entrée, l'autre donnant sur l'arrière de la villa. L'entrée de service, à première vue. Comme pour rétablir l'équilibre à côté de cette forteresse moderne, la nature avait pris possession des environs. Peu probable d'y trouver un passage secret du style de celui chez les Halade. Le Voleur d'Ombres n'avait qu'une possibilité apparente pour s'introduire ici : par l'un des deux portails.
Rendez-vous au 77.