Paragraphe 608
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Vos arguments ne convainquirent personne. Le commissaire défendit son subalterne bec et ongles, et le DGPN alla dans son sens. Vous aviez fait preuve d'inconséquence en portant une accusation si grave sans preuve solide. Vous vous étiez ridiculisé.
La réunion fut déclarée terminée. L'explication donnée par les surs était possible, mais avec les bijoux volés, elles faisaient des coupables trop providentielles pour que le DGPN se dispensât de les donner en pâture. Elles furent emmenées en prison. La presse fit les gros titres sur cette arrestation à mettre au crédit de la police nationale.
Cependant, au moment du procès, le fait que le tableau n'avait pas été retrouvé sur Lydia plaida en sa faveur. Les juges trouvèrent que l'accusation s'avérait un peu légère. Ils ne les reconnurent pas coupables du vol des toiles de leur père et les condamnèrent uniquement pour vol de bijoux. Elles ne tardèrent pas à se retrouver en conditionnelle et, comme elles avaient perdu leur café-galerie, elles partirent vivre dans une autre ville. Philippe Châtaing vous en voulut à mort car vous l'aviez accusé, salissant son nom, et ses fiançailles avaient été rompues. Cardoze, lui, était déçu de vous ; vous vous demandiez si vous n'aviez pas perdu un ami.
Quelques temps plus tard, vous reçûtes une lettre étrange. Dans l'enveloppe, une carte de visite que vous reconnûtes immédiatement. Les quelques mots suivants griffonnés :
"Ce fut un beau duel, mon cher Jacket, mais c'est moi qui ai gagné.
Adieu
Le Voleur d'Ombres."
Vous passâtes des années à vous demander si vous n'aviez pas commis une erreur.