Revenu à hauteur de l'ombre, vous la plaquâtes au sol. L'obscurité était totale dans ce coin des bois, sous un feuillage dense et au milieu de buissons touffus, loin des lumières de la villa. Vous n'y voyiez rien du tout. Votre proie se dégagea en vous flanquant de grands coups de pied. Vous distribuâtes quelques coups à l'aveuglette pour la calmer, et finîtes par rouler tous les deux dans les broussailles. Quand vous tentâtes de le maîtriser, votre main rencontra une forme inattendue : le sein d'une femme. Votre adversaire était une adversaire ! Qui profita de votre instant de surprise gênée pour vous placer un redoutable genou pointu dans les parties. Tordu de douleur par terre, vous l'entendîtes s'enfuir à travers bois.

Quand vous eûtes récupéré, un grand vrombissement envahit le ciel. Vous sortîtes des bois : un hélicoptère était en train de survoler la propriété. Une échelle de corde en pendait, avec quelqu'un tout de noir vêtu qui y était accroché, tenant un rouleau sous le bras. Un rire sardonique retentit dans la nuit, fort et clair, triomphateur. Voilà un moyen de fuite qui n'était pas prévu ! Une clameur populaire vous parvint : c'était la foule massée aux limites du domaine qui venait de voir l'hélicoptère. L'engin disparut dans le lointain. Le Voleur d'Ombres avait une fois de plus réussi son coup.


Vous retournâtes à la villa et trouvâtes Cardoze derrière, là où était garé le camion du traiteur. Le commissaire tançait Tyron Pumar, lui reprochant d'avoir failli causer un grave accident en cherchant à tirer sur l'hélicoptère. L'acariâtre collectionneur avait un fusil à la main, qu'il agitait avec surexcitation.

- Voyons, Pumar ! Vous imaginez si l'hélico était tombé sur la foule des curieux !

- Ils n'avaient qu'à pas venir me pomper l'air !

- Et puis, votre tableau aurait été détruit dans l'explosion.

Quand Mme Pumar eut pris en charge son irascible époux, Cardoze vous prit à part :

- Ça va, Jacket ? Vous m'avez l'air secoué. Et vous êtes tout crotté.

- Une petite bagarre dans les bois. Je vais vous raconter. Dites-moi juste ce qu'il s'est passé ici.

- Quand les bombes fumigènes ont éclaté et que nous avons vu que le Notarangeli avait disparu, Pumar a pris son fusil et a lancé ses chiens. Ils ont immédiatement foncé jusqu'ici, vers l'entrée du personnel. Pumar a voulu tirer sur une ombre : il a failli tuer Châtaing, ce fou !

- L'inspecteur a dit ce qu'il faisait là ?

- Il sécurisait la zone, conformément aux ordres. Lui aussi a cru voir une ombre s'enfuir, côté domestiques…

- Vous pensez que le voleur était déguisé en serveur ?

- C'est l'idée qui m'a traversé l'esprit avant que l'hélico n'arrive et que le voleur nous nargue de là-haut… Il n'aurait pas eu le temps de se changer si vite. Et vous, qu'avez-vous vu, alors ?

- Et si je vous disais que le Voleur d'Ombres est en fait… une voleuse ?

- Quoi ?!


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