Ce fut un Ducult pâle et aminci qui vous ouvrit. Il vous invita à boire un verre d'eau croupie dans son salon. Ses traits tirés témoignaient d'une grande tristesse. Vous aviez peut-être votre théorie sur un tel deuil :
- Nous savons vous et moi pourquoi Horace Halade vous a réellement congédié et ce que vous faisiez du côté de la propriété Halade, le soir du vol, n'est-ce pas ?
Votre hôte, les lèvres serrées, ne disait plus rien. Ne niait plus rien.
- Vous alliez rejoindre Mme Halade, par un certain passage secret
?
Vous le sentiez prêt à craquer.
- Alliez-vous la rejoindre, Mr Ducult ?
Ducult finit par tout avouer : il était l'amant d'Angélique Halade. Son mari se doutait de quelque chose, et l'avait renvoyé un jour où une situation s'était révélée trop tendancieuse. Mais ils avaient continué de se voir en cachette. Sa mort l'avait mis au trente-sixième dessous ; il n'arrivait toujours pas à le croire.
- Vous connaissiez l'existence du passage secret ? voulûtes-vous savoir.
- Oui. Angélique me l'avait montré.
- Qui d'autre était au courant ?
- Aucune idée. De mon côté, je n'en ai jamais parlé à personne.
- Vous alliez la rejoindre, le soir du vol ?
- Oui. Mais pas pour du sport de chambre. En fait, elle m'avait téléphoné pour me demander de venir. J'avais trouvé ça fou, avec tous ces journalistes et ces curieux dans le coin ! Mais elle avait l'air agité, c'est à peine si j'avais reconnu sa voix.
- Pourquoi tenait-elle à ce que vous veniez ?
- Elle craignait que le voleur empruntât le passage secret. Comme elle ne voulait pas en parler à son mari, elle m'a demandé de le surveiller.
- Et donc vous êtes venu. Ça explique votre présence sur place. Et du coup, que s'est-il passé ? Qu'avez-vous vu ?
Ducult reprit sa respiration alors que vous marchiez de long en large autour de lui.
- J'attendais à côté de ma voiture, comme elle me l'avait demandé, en faisant le guet. Mais j'ai été chloroformé. Quelqu'un qui s'est glissé derrière moi. Quand je me suis réveillé, j'ai entendu les sirènes et les chiens, je me suis dit que j'étais dans de sales draps et j'ai fui.
- Qui d'autre pouvait savoir que le passage serait ouvert ce soir-là ?
- Je n'en sais fichtre rien !
Vous vous étiez levé et arpentiez son salon de long en large. Comme vous veniez de passer derrière le canapé, vous envoyâtes un texto à Cardoze en direct pour lui apprendre ces nouvelles informations. La police scientifique avait eu la voiture de Ducult entre les mains et pourrait confirmer. Si ce que votre interlocuteur vous disait était juste, cela voulait dire que le vrai voleur n'était peut-être pas en voiture ce soir-là et qu'il en avait profité pour partir dans une autre direction, par un autre moyen.
Tiraillé par les remords, le jardinier se mit à s'épancher :
- Je n'étais pas amoureux d'elle évidemment. Je voulais son argent, au début. Mais c'était quelqu'un de bien. Ça a commencé à m'ennuyer de profiter d'elle. J'ai commencé à m'attacher
(il devint colérique sans raison :) Si je m'en fichais d'elle, vous croyez que je serais venu surveiller son satané tunnel, pour elle ?!
- Je ne vous ai jamais accusé d'indifférence ! Pourriez-vous juste me dire où vous vous trouviez lundi dernier ?
- Vous voulez savoir mon alibi ?! Qu'est-ce que ça peut vous faire ?! Vous enquêtez sur le Voleur d'Ombres, non ?
- J'enquête désormais sur ce meurtre. De toutes façons, le coupable est le même dans les deux affaires.
Il tiqua. Vous lui touchâtes deux mots de la vidéo prise par les fêtards avec leur smartphone. Il devint blanc comme un linge.
- Je
j'étais en forêt, répondit-il avec peine. Je me promenais. Seul.
Évidemment, personne ne pouvait en attester.
Notez le mot-code "CHLODU" dans votre Journal d'Enquête et soulignez-y le mot ANGAMA. Puis rendez-vous au 696.