Lorsque vous arrivâtes dans le quartier chic de la ville où la Galerie Dalembert avait pignon sur rue, c'était l'effervescence. Une multitude de curieux avait envahi la rue ; vous dûtes vous garer à plus de cent mètres. Vous contactâtes Châtaing qui vous fit passer par la porte arrière ; la police avait aménagé un cordon pour pouvoir y accéder, en contenant la pression de la foule derrière des barrières. L'inspecteur ne savait plus où donner de la tête.
- Nous avons dû délimiter un périmètre pour empêcher les fadas d'encercler le bâtiment !
- Les "fadas" ?
- Les curieux qui veulent assister au vol en direct et retransmettre ça sur les réseaux sociaux... Ils assiègeraient presque la galerie ! Faut arrêter cet olibrius avant que le phénomène ne s'amplifie !
Un malin, ce Voleur d'Ombres ! A cause de ces anonymes excités, les policiers peinaient à effectuer leur tâche de maintien de l'ordre. Il pouvait s'introduire dans l'immeuble à la faveur de la nuit.
Un autre grand bénéficiaire de l'affluence de la journée, du moins tant que le vol n'avait pas eu lieu, était le directeur de la galerie, Mr Dalembert lui-même. Son enseigne battait tous les records d'entrées. Parmi les visiteurs désireux de voir la Jonque sur le Fleuve Jaune avant l'échéance fatidique fixée par le Voleur d'Ombres, seuls ceux qui avaient commencé la file d'attente de bon matin pouvaient espérer entrer à temps. Certains vendaient leur place dans la queue. Nul doute que la galerie devait appliquer un tarif spécial cette semaine.
En équilibre précaire entre la joie de l'argent qui rentrait et l'inquiétude d'une future victime de vol, Dalembert vous reçut en coup de vent, trop débordé pour être en mesure de répondre à vos questions. Il avait laissé à Châtaing les mains libres pour organiser la sécurisation du site comme bon lui semblait. Votre allié vous autorisa ainsi à arpenter les lieux à votre guise.
À voix basse et à l'écart du public, il vous décrivit avant le dispositif que Cardoze avait mis au point pour piéger le voleur. Le sol autour du tableau était recouvert d'un marqueur chimique invisible. Aussi rapide qu'il fût, quand le malfaiteur s'emparerait de la peinture, ses semelles seraient souillées par la matière indélébile. Il pourrait alors voler toutes les ombres qu'il voudrait, il serait dans l'incapacité d'effacer ses traces.
Sous le regard des policiers en civil et des vigiles, vous fîtes un tour dans la galerie où la couleur blanche était reine. Œuvres classiques et contemporaines se côtoyaient dans la grand salle, où un monde fou s'était agglutiné autour d'un même tableau que vous deviniez être la Jonque sur le Fleuve Jaune.
On pénétrait dans cette vaste salle par le hall d'entrée, mais aussi par une arrière-galerie, que vous aviez empruntée en entrant par la porte de derrière. Elle donnait sur des bureaux et d'autres couloirs. Au bout de l'un d'eux, une porte rouge donnait sur l'escalier de service qui menait à l'étage et même au toit, d'après un panneau. Vous repérâtes nombre de caméras à capteurs de mouvement.
Si le mot-code PEIPHO est inscrit dans votre Journal d'Enquête, rendez-vous au 606.
À défaut, si vous avez l'un ou l'autre des mots COSOPR ou LYNOCO, rendez-vous au 781.
Si vous ne disposez d'aucun de ces mots, rendez-vous au 411.