Vous fîtes route jusqu'à Champemin et y arrivâtes après 17h. Quand vous fûtes dans la rue de l'Hôtel des Ventes, vous comprîtes tout de suite qu'il y avait un problème. La police avait cerné les lieux et faisait évacuer la foule massée aux alentours du bâtiment pour permettre l'accès aux ambulances et aux véhicules de secours. Un coup de fil plus tard, l'inspecteur Châtaing avait réussi à s'extraire de la confusion et vous avait rejoint. Il vous appris ce que vous pressentiez déjà : le Voleur d'Ombres était passé à l'action et avait dérobé le Notarangeli mis en vente.

Les mesures de sécurité prises par la police locale étaient pourtant draconiennes : cordon de police, survol de l'espace aérien par un hélicoptère, et un système qu'ils pensaient infaillible pour couper toute retraite au Voleur d'Ombres : toutes les issues, portes et fenêtres, se fermaient automatiquement sitôt que le tableau était retiré de son support, un piédestal scellé au sol. Le malfrat s'en était facilement joué en faisant sauter le plancher autour. Le tableau s'était retrouvé à l'étage du dessous, à la cave. Pendant que toutes les issues se fermaient au niveau au-dessus, il avait pu tranquillement fuir par les égouts. Il avait eu la prévenance de disposer des matelas pneumatiques dessous, ce qui a empêché aux personnes tombées dans le trou de se blesser sérieusement.

- Et vous, vous n'avez rien eu ? vous enquîtes-vous.

- J'ai failli. Pendant les enchères, j'ai eu un pressentiment. J'ai repensé au vol à la Galerie Dalembert, et je me suis dit que notre homme pouvait rééditer son numéro, mais par les sous-sols, cette fois. Je suis vite descendu aux caves vérifier s'il n'y avait pas une faille de sécurité. Sitôt arrivé qu'on m'a assommé. Je suis sorti des vapes en entendant un grand bruit. Le plafond venait de s'effondrer au milieu de la pièce où j'étais. J'ai vu la silhouette du voleur prendre le tableau de son piédestal, au milieu des décombres, puis s'enfuir par les égouts. Je l'y ai suivi, mais je l'ai vite perdu. Devinez quoi ? Il n'y avait plus d'ombres…!

- Une chance pour vous que le plancher écroulé ne vous soit pas tombé dessus !

- Je crois que le voleur m'avait déposé à un endroit à l'écart, où je ne risquais rien.

- Il connaissait les mesures de sécurité prises, une fois encore…

- Oui, mais ces mesures sont celles habituelles de l'Hôtel des Ventes. Elles sont publiques.

- Comment réagit Courget de Firginie ?

- Aucune idée. Il est parti avant que les enchères ne débutent.

- Ah bon ?

- De toutes façons, ce n'est plus son problème : le Notarangeli venait d'être acheté par un autre quand il a été dérobé.

- Par qui ?

- Un représentant de la compagnie Halroyd. Excusez-moi.

Châtaing téléphona à ses hommes en planque vers chez David Ducult, pour qu'ils vissent s'il était chez lui.

- Si c'est bien lui que j'ai vu emporter le tableau, il n'aura pas le temps de rentrer chez lui d'ici plusieurs heures. S'il n'est pas à son appartement, ce sera une preuve de plus contre lui.

- Il a le droit d'être ailleurs, rien ne le retient chez lui, soulignâtes-vous.

Mais Châtaing ne vous écoutait déjà plus.


Rendez-vous au 110.