Le soir, à la demande du Ministère de l'Intérieur, le directeur général de la police nationale avait réuni tous les propriétaires des tableaux volés pour leur annoncer que les coupables avaient été arrêtées. Les directeurs du Musée du Cirque et du Musée des Beaux-Arts, visiblement impressionnés d'être là. Joseph Latuin, un homme maigre au regard fuyant que vous découvriez pour la première fois ; son Notarangeli avait été volé sur le chemin le convoyant à la Galerie Van Fuzop. Timothée Thanos, qui tirait sur sa moustache avec nervosité. Horace Halade, que vous accompagniez avec son secrétaire et âme damnée Damien Dépreaux ; votre client vous avait chaleureusement remercié d'avoir démasqué et fait arrêter les meurtrières de son épouse. Mr Dalembert, directeur de la galerie du même nom, qui affichait un grand sourire. Tyron Pumar, dont les traits sévères n'attendaient que le nom du coupable pour exprimer la rage ; il était flanqué de sa femme, qui souriait benoîtement. Mr Donovan, le directeur national des casinos Halroyd, qui représentait son patron ; il possédait deux tableaux volés, vu qu'il était entré en possession de celui d'Eustache Courget de Firginie quelques secondes avant d'en être dépouillé. Et bien sûr, les trois surs Notarangeli, menottes aux poignets.
Étaient également présents les agents d'assurance qui couvraient les biens dérobés, et non encore retrouvés, dont Odile Andylon pour la compagnie Haya SA. David Ducult avait tenu à être présent pour demander réparation des préjudices subis, flanqué de celle qui lui avait suggéré de s'inviter ainsi à la fête : son avocate Narjis Renoir. Enfin, le commissaire Cardoze et Philippe Châtaing parleraient au nom de la police. L'inspecteur était surtout là car il ne parvenait toujours pas à croire à la culpabilité de Lydia. Vous craigniez qu'il ne tentât quelque chose de farfelu et désespéré pour l'innocenter.
Le DGPN prit la parole pour annoncer à l'assemblée que la rumeur était fondée : les voleuses connues sous le nom de "Voleur d'Ombres" avaient bel et bien été arrêtées.
- Et le mérite en revient au détective Nils Jacket, consultant auprès de nos services.
- Et engagé par moi, se crut obligé de préciser Halade.
- Où sont nos tableaux ? demanda Thanos. J'ai déjà du mal à imaginer ces jeunes femmes en criminelles. Vous devriez déjà avoir retrouvé les toiles chez elles, non ?
- Non, mais elles ont été prises en flagrant délit, je dois vous rappeler. Alors certes, nous cherchons encore vos biens, ce qui, je l'espère, ne devrait plus tarder, mais sachez qu'elles recelaient chez elles une caisse entière de bijoux volés.
Plusieurs exclamations de surprise s'élevèrent. Pumar fut le plus véhément : un an auparavant sa femme s'était fait voler un collier à une réception donnée chez eux et la police n'avait jamais trouvé le coupable. Cardoze reconnut que, au vu des bijoux retrouvés chez elles, cette vague de vols de bijoux non résolus était certainement imputable aux trois demoiselles. Andylon intervint pour conforter cette thèse : elle soupçonnait depuis le début qu'elles s'étaient volées elles-mêmes, et leurs noms revenaient dans ces affaires de vols de bijoux. De manière pernicieuse, elle ajouta :
- Si le Voleur d'Ombres avait toujours une longueur d'avance sur les autorités, c'était peut-être tout simplement que l'une des coupables avait son fiancé dans la police
Châtaing devint rouge comme une pivoine, mais son supérieur l'avait briefé sur l'importance de garder calme et silence ce soir, dans l'intérêt de sa carrière. Devant un tel déchaînement à leur encontre, l'aînée des sœurs Notarangeli prit alors la parole pour se défendre. Si elle admit leur responsabilité dans le vol des bijoux, elle nia toute implication de leur part dans les agissements du Voleur d'Ombres.
- Et nous n'avons rien à voir avec le meurtre d'Angélique Halade !
- Votre sur a été prise en flagrant délit, dimanche, dans nos locaux ! lui rappela Donovan.
- Notre but était d'arrêter le voleur des toiles de notre père. Nous voulions utiliser nos talents de cambrioleuses pour le stopper, et donc aider la police. Ou pour doubler le vrai voleur, si vous me trouvez trop complaisante. Vous n'avez pas trouvé de tableau sur Lydia, que je sache. Or, le vol a bien été commis dimanche.
L'argument faisait mouche dans l'esprit collectif. Elle avait avoué suffisamment sans céder sur les principales accusations. Désarçonné, le DGPN se tourna vers vous qui aviez permis l'arrestation :
- Vous
vous pensez qu'elles disent la vérité ? Qui serait le Voleur d'Ombres, sinon ?
Votre réponse ?
"Ce sont bien les surs Notarangeli les coupables."
(rendez-vous au 1180)
"Effectivement, le Voleur d'Ombres est quelqu'un d'autre."
(rendez-vous au 571)
"En fait, les vols et le meurtre d'Angélique Halade sont deux affaires distinctes."
(rendez-vous au 929)