Après avoir acheté de quoi souper à l'une des nombreuses baraques à frites opportunément installées dans le secteur, vous entamâtes une série de rondes autour de la propriété. Les curieux encerclaient l'endroit sur tout son périmètre. Il était impossible de franchir le mur d'enceinte sans échapper à leur vigilance malsaine. Les seules entrées possibles étaient la grille d'entrée où passaient les voitures des invités et de la police, et l'entrée de service, un portail franchi uniquement par le camion du traiteur et le personnel. Ces deux accès grouillaient de policiers qui repoussaient la foule et contrôlaient les véhicules. Si le Voleur d'Ombres ne disposait pas d'une invitation, il devrait réaliser un tour de force, ne serait-ce que pour s'introduire dans la place. Durant vos rondes, vous ne repérâtes personne de louche. Ou du moins, de plus louche qu'un no-life prêt à rester des heures dans le froid pour faire trois photos floues avec son smartphone.
À un moment, une fumée sembla s'élever de la villa. D'autres le remarquèrent et la clameur s'amplifia. Brusquement, un coup de feu retentit au loin ! Quelqu'un avait tiré dans les alentours de la villa. Puis ce fut un bruit de moteur, un vrombissement, qui envahit le ciel.
- Regardez ! criait-on dans la foule.
La police avait-elle prévu ce cas de figure ? Un hélicoptère survolait la propriété. Une échelle de corde en pendait, avec quelqu'un tout de noir vêtu qui y était accroché, tenant un rouleau sous le bras. Vous crûtes entendre un rire sardonique retentir dans la nuit. Les badauds exultaient : leur vedette criminelle n'avait pas lésiné sur le spectaculaire pour quitter la scène. L'appareil disparut dans le lointain. Il n'y avait plus rien à voir. Le Voleur d'Ombres avait une fois de plus réussi son coup.
C'était étrange : vous aviez eu l'impression qu'il était déjà accroché à l'échelle avant que l'hélicoptère ne passât au-dessus du domaine. Le commissaire Cardoze fut trop occupé cette nuit pour vous parler, mais le lendemain il allait confirmer votre impression.
Si vous avez le mot-code VUSANO souligné, effacez-en le soulignement. Puis rendez-vous au 901.