À votre cabinet, avec l'aide d'Amy, vous passâtes la demi-journée en recherches afin de reconstituer la vie du peintre devenu célèbre ces dernières semaines.
Roberto Notarangeli avait été autrefois acrobate dans un cirque, qu'il avait dirigé par la suite. Il avait été condamné pour le meurtre de la riche Xavière Thanos, la femme de son ami le magicien Timothée Thanos. Au procès, toutes les preuves avaient été contre lui : l'arme du crime portait ses empreintes, il n'avait pas d'alibi et il s'était embrouillé dans ses dépositions. Seul point resté inexpliqué après l'enquête : il n'avait aucun mobile apparent de tuer cette femme. La police avait soupçonné une querelle d'amants, mais rien n'avait confirmé que Notarangeli trompait son ami Thanos avec sa femme.
C'était en prison que l'acrobate s'était mis à peindre. Il avait eu le temps de terminer dix toiles avant d'être retrouvé mort dans sa cellule. Malaise cardiaque.
- Et si Notarangeli avait été un braqueur, et si les peintures contenaient un message codé qui conduit au butin ? suggéra Amy. Ce serait pour ça que le Voleur d'Ombres n'en a qu'après les tableaux d'un même peintre pas connu.
Votre secrétaire avait souvent des théories romantiques intéressantes.
Par acquis de conscience, vous recherchâtes sur Internet des images des dix toiles peintes par Notarangeli, par ordre de création :
- le Lion Blanc représentait un lion de cirque passant à travers un cerceau
- le Pierrot Triste montrait un pierrot en train de fumer, assis dans sa loge de cirque
- la Dame au Chapeau Vert était une femme élégante, aux cheveux longs et bouclés, le visage baissé, caché par un chapeau à larges bords
- le Pégase Noir volait sous le ciel nocturne, à travers les sommets de montagnes
- l'Élégance Sombre était en fait une femme drapée dans un vêtement noir ressemblant vaguement à celui d'une nonne ; derrière elle se tenait une ombre menaçante
- la Nymphe Endormie, comme vous l'aviez vue chez Halade, était le nu d'une brune allongée sur un lit ; ses traits rappelaient ceux de l'Élégance Sombre
- la Larme de Néfertiti représentait une femme aux cheveux bouclés, dans le style de la Dame au Chapeau Vert, pleurant une larme ; rien d'égyptien là-dedans
- la Jonque sur le Fleuve Jaune montrait une jonque s'éloignant dans le couchant (ou le levant ?)
- la Dame dans la Neige était une femme aux cheveux bouclés, à la robe déchirée, marchant de dos entre des arbres décharnés, perdus dans un paysage enneigé
- l'Horloge était la plus sommaire des toiles ; on n'y voyait qu'une simple pendule mécanique ancienne, cadre en bois, mais les chiffres romains de 11h et midi avaient été remplacés par des têtes de mort
Cette dernière uvre vous intriguait. Toutes les toiles avaient été peintes dans des tons très sombres. Des bleutés et des nuances de mauve. Même le chapeau vert de la dame ou le fleuve jaune, aussi gris l'un que l'autre. Or, dans le cadran de l'Horloge, le chiffre romain "V" avait été peint en rouge vif. Outre les crânes, on retrouvait au milieu du cadran des symboles vus dans les toiles précédentes : une griffe, une collerette, un chapeau, une étoile, une main, un drapé, une larme, une voile et une empreinte de pas. Quelle était la signification de tout ceci ? Roberto Notarangeli avait-il que ce serait sa dernière peinture ? Savait-il qu'il allait mourir ?
Il avait laissé trois filles, qui tenaient un café-galerie en ville : Samantha, Lydia et Sonia. Elles possédaient encore une peinture de leur père, qu'elles y exposaient. Ou du moins, y avaient exposée, jusqu'à ce que le Voleur d'Ombres entrât en scène. C'était leur galerie qui avait été la première cible du malfaiteur. Le quatrième vol, lui, était intervenu chez Timothée Thanos, qui lui aussi possédait une uvre de son défunt ami.
Notez dans l'Agenda de votre Journal d'Enquête : si vous voulez aller voir les filles Notarangeli, vous devrez vous rendre au 321 ; si vous voulez rendre visite à Thanos, au 1120.
Puis rendez-vous au 77.